EN CETTE JOURNÉE DE LA FEMME, JE SOUHAITE RENDRE HOMMAGE À TOUTES LES FEMMES ET PARTICULIÈREMENT À TOUTES CELLES QUI LUTTENT ET SE RELÈVENT DE L'EMPRISE ET TOUTES FORMES DE VIOLENCES: PSYCHOLOGIQUES, PHYSIQUES, SEXUELLES, VERBALES, ÉCONOMIQUES, LE CYBER-HARCELEMENT...

BOIRE UN CAFÉ AVEC LA VERSION DE MOI-MÊME QUINZE ANS PLUS TÔT
Ce matin, je suis allée boire un café avec la version de moi-même quinze ans plus tôt. En poussant la lourde porte d’entrée, je savais que j’allais la retrouver assise à la même place, à l’abri du va et vient incessant des habitués du lieu et autres clients de passage. L’ambiance feutrée, la musique douce en fond sonore, le souffle chaud du percolateur, les arômes puissants de café, les tasses qui s’entrechoquent, les voix, les rires et apostrophes, témoins de la vie, l’enveloppaient simplement. Plongée dans ses pensées, elle observait cette parenthèse de vie s’agiter sous ses yeux. La vie est mouvement. Inconsciemment, elle aspirait à entrer dans la danse, apprendre à nouveau à marcher, se redresser, se hisser, oser… Il était encore trop tôt, l'énergie venait à manquer. Durant de longues années, elle s'était accrochée à l'espoir qu'en donnant toujours plus les choses pourraient s'arranger, changer. Vidée de son énergie vitale, résignée, elle avait fini par comprendre que certaines choses ne pouvaient changer par sa seule contribution. C'est à ce moment précis que tout à basculé.
L’atmosphère, le décor de cet endroit étaient identiques, seul en cet instant, l’espace-temps modifié allait nous permettre de nous rapprocher et d’échanger. Elle avait ressenti ma présence à l'instant même où je franchissais le sas d'entrée. Elle me regardait maintenant m’approcher d’elle. Nos regards ne pouvaient se détacher l’une de l’autre. Un sourire sur les lèvres, elle s’est levée et nous nous sommes prises longuement dans les bras.
— Merci d’être là.
Elle allait me confier ses doutes, ses aspirations et sa détermination à ne pas faillir, afin de reprendre les rênes de sa vie. Elle avait vécu durant toutes ces longues années tant de moments difficiles, tant d’épreuves qu’elle en était arrivée à douter d’elle-même et de ses nouveaux choix. Je savais le parcours à venir difficile, il ne devait pas être un obstacle. Je l’ai rassuré. J'étais là à présent, elle n'était plus seule. Elle venait d’accomplir un grand pas, le premier, le plus difficile probablement, il n’y avait pas d’autres choix possible et elle pouvait s’en féliciter. Elle avait en elle toutes les ressources pour sortir la tête de l’eau. Elle allait arrêter de s’épuiser de nager à contre-courant et culpabiliser, elle n'était pas responsable. Même si parfois les mots peuvent blesser, briser et laisser des traces, ils ne lui appartenaient pas, ils n’étaient que le reflet de l’autre, sa façon d’être ou de penser. Je l’invitais à croire en elle.
Elle a esquissé un sourire. Avant de partir, elle m’a demandé si les choses allaient vraiment s’arranger. Je lui ai pris la main et l’ai invité de faire d’elle sa priorité. Puis, je l’ai regardé partir, s’éloigner vers sa nouvelle destinée.
On devrait se revoir bientôt.
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